Après une première "trilogie" en 1997, 1999 et 2000 (respectivement
Blue,
Red et
Yellow),
Stefan Betke réitère avec une nouvelle série, grâce à cet album éponyme,
Pole, venant ainsi compléter les deux opus précédents,
45/45 et
90/90.
Fidèle à un certain dub mâtiné d’electronica,
Pole s’immisce cependant ici un peu plus dans un hip-hop soyeux, aux sons caressants et chatoyants. A la fois musicien, DJ, producteur, responsable de label (le réputé ~scape), propriétaire de studio, ce berlinois multiplie les compétences comme il sait mixer ses nombreuses influences : d’un dub racé à une electronica empreinte de click’n'cuts, du hip-hop à la techno... la richesse de ses sons et l’originalité de ses constructions naît de ces confluences. En un peu moins de 45 minutes, il dépeint tout un paysage sonore varié et coloré : voluptueux (
Green Is Not Green-Yellow), plus abrupte (
Like Rain (But Different)) ou envoûtant (
Umbrella (Version)) sans que la cohésion générale soit pour autant lésée.
Si pour la première fois
Pole a recours à des voix (le MC américain
Fat Jon) sur quatre des neuf pistes que comptent l’album, il s’est également adjoint les talents de
August Engkilde (basse) et de
Thomas Haas (saxo), comme pour affirmer, à force d’évidence, son attachement aux sonorités organiques. Le résultat obtenu s’apparente à un tableau chatoyant, aux contours doux et chaleureux, hypnotique et entraînant à mille lieux des habituelles productions sombres et torturées de la scène électro allemande.
Cet album s’écoute et se découvre comme une oeuvre à part dans l’univers de
Betke où la quête d’harmonie et d’un certain minimalisme semble avoir désormais pris le pas sur les expérimentations et amalgames sonores, réduisant ainsi chaque composition à l’expression de son essence même : "I spend a lot of time reducing the structures of my track to create, step by step, layer by layer, a foundation with true validity" déclare t-il. En voici le suc ainsi extrait : savourez.
Chroniqué par
Oropher
le 17/11/2003