Certains éléments sont permanents à
M² : Une ossature de click'n'cut minimaliste ainsi qu'une voix filtrée et méchanique déclinant à l'infinie des extraits tirés des ouvrages de J. R.R. Tolkien (références à Morgoth et aux Balrogs). Voilà pour la structure principale, rédhibitoire aux sept titres de
War of Sound. La musique prend alors toute son ampleur lorsque, de façon empirique, les nappes, beats, drones et autres murs de son s'empilent les uns sur les autres, jusqu'à l'étouffement, rejoignant ainsi les frontières de l'infiniment simple, au confins de l'espace généré par une multitude de couches sonores superposées et cependant identifiables. Il ne faut pas hésiter à se laisser porter, car les titres sont longs et prennent leur temps pour réellement démarrer. Mais en général, les fins sont toujours en apothéose. S'il fallait ne retenir que quelques moments, le choix serait difficile.
The Cry of Morgoth, qui ouvre le disque, reste l'exemple le plus probant du style de
M². Drones et nappes ambients plutôt sombres, récitations comme des prévisions apocalyptiques, et mélodies électro-martiales typiques pour des premières minutes prometteuses.
Discord (War of Sound) et son ambiance tribale agrémentée de fréquences aigues et groove éléphantesque ou le downtempo oriental et chant traditionel éthéré pour l'excellent
The Music Seized. Mention spéciale à
Thus Began Also..., alliant la douceur du sitar au chant profond de Lisa Gerrard, ici samplée, le tout porté par un beat lourd et légérement noisy.
Pas encore une oeuvre unique, mais une tendance personnelle à mélanger les atmosphères et les genres. Comme une nouvelle façon de rendre audible des images mentales à l'orée du sublime.
Chroniqué par
Yragael
le 27/10/2003