Ce second album de
Elbow était attendu ; il y a deux ans, son sombre et prometteur prédécesseur,
Asleep in the Back, injustement passé inaperçu, laissait entrevoir quel grand groupe il pourrait devenir. Depuis, la musique du quintet de Manchester n’a pas changé ; enregistré à Liverpool et produit par Ben Hillier, magistral maïeuticien du dernier
Blur, le magnifique
Think Tank,
Cast of Thousand propose le même rock ténébreux, atone, sophistiqué et simple à la fois qui nous avait enthousiasmé sur
Asleep in the Back.
Cast of Thousand alterne la tendre mélancolie, les élégiaques ambiances aériennes de
Fugutive Motel, avec la puissance irrésistible de
Grace Under Pressure. Néanmoins, on traverse ce nouvel opus sans rencontrer de réelle résistance, sans trouver de prise à laquelle se raccrocher, exception faite de
Ribcage, perle de l’album, morceau complexe où l’influence de Ben Hillier est manifeste ; après une douce introduction atmosphérique, se fondent, autour de la voix charnelle de Guy Garvey qui évoque immanquablement celle de Chris Martin, les vibrations électriques de la guitare de Mark Potter, une électro discrète, les notes infimes d’un piano fragile, la basse ronronnante de Pete Turner et un chœur de mille chanteurs pour un impressionnant final gospel d’une beauté euphorisante. Les textes se rapprochent de ceux de Thom Yorke et expriment avec une violence contenue le mal-être, le spleen et la rage qui ronge le chanteur : "I wanted to explode / To pull my ribs apart / And let the sun inside".
Radiohead et
Coldplay, deux références qui font de l’ombre, qui encombrent et emprisonnent
Elbow. A l’instar de leurs amis de
The Doves, originaires de Manchester eux aussi, ce qui manque avant tout au groupe de Guy Garvey est une véritable personnalité, un univers fort et original qui rende sa musique unique. Il lui faudra encore du temps. Qu’importe ! Nous sommes prêt à attendre.
Chroniqué par
dfghfgh
le 10/10/2003