Une chose est sûre : le premier album éponyme de
Gorillaz a beaucoup fait parler de lui et son gros succès commercial et radiophonique ne lui a pas spécialement attiré les amitiés de la critique et des mélomanes.
Néanmoins, il faut avouer que le projet est ambitieux : brasser les influences pop, rock, hip-hop et électro. Et quoiqu’on en dise, c’est plutôt réussi.
Bien sûr, il y a l’inévitable
Clint Eastwood, titre phare de l’album, et dont on nous a hélas - les radios françaises sont ce qu’elle sont - rebattu les oreilles à longueur de journée pendant des semaines, au risque de sur-gaver les premiers amateurs du groupe. Cette chanson n’est pas mauvaise et le mélange entre le pop/rock de 2D et le hip-hop de Russel produit un morceau réellement créatif et intéressant... mais rabâché, ressassé, ce titre a fini par nous casser les oreilles, ce qui est bien normal, vu la fréquence à laquelle on nous l’imposait.
Pourtant, il y a d’autres titres sur cet album qui méritent qu’on s’y intéresse de plus près et qui valent bien le
Clint Eastwood honni. Ne serait-ce que l’énergique
Punk, un bon morceau faussement mal fichu, aussi court que jubilatoire et où 2D braille à cœur joie, le joyeux
19-2000, morceau électro-pop au son agréable et bercé par les voix de 2D et Mito Hatori ou bien encore l'excellent
Latin Simone, titre cubano-mélancolique, où viens chanter Ibrahim Ferrer, un des membres de
Buena Vista Social Club.
On n’a guère entendu sur les radios cette boucle de guitare qui fait le charme de
Starshine, accompagnée d’une discrète ligne de basse et de la voix plaintive de 2D. Bien sûr, ce n’est pas vraiment un morceau calibré pour la radio, on ne l’a donc heureusement pas matraqué sur les ondes, mais
Starshine reste un morceau plutôt pop vraiment magnifique, peut-être le plus beau de l'album.
Et en vilipendant
Gorillaz, on passe également à coté de l'introduction angoissante de
M1A1 qui finit par exploser en un morceau rock énergique que n'aurait pas renié
Blur. Et on passe aussi forcément à coté de l'agréable coté pop de
Tomorrow Comes Today et du mélange pop/hip-hop particuliérement réussi de
Sound Check où se mêlent joyeusement le chant de 2D et des scratches sacrément bien foutus. Une rumeur courait sur la participation de
Kid Koala à l'album, mais c'est sûr qu'avec des scratches pareils, on peut aisément le croire.
Bien sûr, il y a bien quelques titres pop/rock un brin facile, mais tout de même écoutable, notamment en début d'album, mais le but de
Gorillaz n'est pas de rester accessible qu'à un nombre restreint d'initiés. Le but du groupe est plutôt de faire partager leur diverses influences à un maximun de monde, de faire découvrir des choses que certains n'iraient peut-être pas chercher d'eux-même. Alors faut-il brûler
Gorillaz parce qu'ils ont cherché à se faire connaître d'un maximum de personne ? Je ne pense pas ; il y a des petits groupes inconnus beaucoup plus mauvais à brûler avant. Leur projet était de mélanger les genres et les influences, de créer un univers musical original au travers d'un groupe formé de personnages de cartoon. C'est réussi ! Alors cela ne sert à rien de bouder et chantonnez plutôt le refrain de
Clint Eastwood : "Hey happy, I'm feelin' glad, I got sunshine in my bag..."
Chroniqué par
Traulever
le 04/07/2003