Ce premier album éponyme de Do Make Say Think nous met face à un post-rock naissant, dans la droite lignée de Godspeed You! Black Emperor, mais qui marque les oreilles par son extrême originalité, qui d'ailleurs trouve à chaque album suivant des moyens d'expression nouveaux.
Ici, l'étrangeté de l'ambiance vient de ce que l'enregistrement a l'air de se produire dans une banlieue de métropole : c'est comme si DMST avait cherché à reproduire des sons d'avions, de vent, mais aussi d'arbres et d'essaims d'abeilles, comme pour plonger sa musique dans une recréation d'un milieu de bruits de tous les jours. Les riffs mystérieux, répétitifs, sont encerclés de ces sons qui rappellent à chaque seconde un son familier, comme si la musique se mélangeait aux sons quotidiens pour montrer qu'elle aussi est une expression de la vie, malgré l'ordre, la répétition, le rythme.
La musique de Do Make Say Think semble ainsi entamer une valse avec le bruit brut, semant la subtilité jazzy de ses motifs sur l'accidentel d'un bruit de corde émettant le même bruit qu'une porte grinçante. De Toronto aux zones les plus naturelles du Canada, Do Make Say Think semble faire son chemin musical en accompagnant les bruits les plus familiers, à la fois ceux de la nature la plus sauvage et ceux des paysages urbains les plus titanesques.
A coup de clavier digital, Do Make Say Think entraîne dans sa musique une floppée d'images diverses, infinies, qui se réfèrent pourtant à un univers de sons, un capharnaüm ambiant dont on perd trop vite la conscience et qui nous assaille pourtant à chaque fois qu'on sort de la maison. En restituant cette avalanche de sons dans le cadre ethéré et subtil de sa musique, le groupe tire du son ordinaire toute la richesse de son expressivité, et marque par là son identité particulière.
Chroniqué par
Lou
le 05/01/2007