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Godspeed You Black Emperor

: Lift Your Skinny Fists Like Antennas To Heaven



sortie : 2000
label : Kranky
style : Post-rock

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Tracklist :
01/ Storm [22:32]
02/ Static [22:35]
03/ Sleep [23:17]
04/ Antennas to Heaven [18:57]

La saison des concerts de six heures de GY!BE semble bien éloignée, et on attend avec impatience, comme on attend un printemps, le retour de cette période faste. En attendant, on peut savourer par ce troisième opus, Lift Your Skinny Fists Like Antennas To Heaven, un échantillon de ce libre ébat de sons que le live restitue toujours le mieux.


Une symphonie plutôt qu'un album de rock se présente à nos oreilles, débutant par une majestueuse ascension instrumentale, riche de sons et alliant avec faste les instruments classiques et ceux du rock. Ce début semble un final, tant il est triomphant ; mais cette montée en puissance coupe net, de manière surprenante, comme on aime chez ce groupe d'ailleurs. L'harmonie symphonique se voit remplacée par une climatique installation des violons, accueillant des gouttes de guitare qui semblent se déverser telles une rosée. Dans une ascension plus étendue dans le temps, les guitares rendent hommage aux courants intiés par Sonic Youth, dans une harmonie agressive et étirée jusqu'à ses limites. La basse insistante accompagne avec assurance une débauche de dissonances qui finissent par former un mur de mélodie qui s'effondre sur l'auditeur en lames de distorsions massivement vivantes. Et tout cela pour finir sur un piano à la A silver mt Zion, entrecoupé du son sali d'un mauvais haut-parleur... Les cris du monde moderne s'éloignent sous une mélodie élégiaque...


Le deuxième mouvement commence par un flux anarchique de paroles et de sons disparates, unis dans la continuité de cette harmonie si étrange et propre au post-rock... Et il se poursuit dans des clameurs d'espoir contredites par un violon désespéré, languissant, féroce tant il est déchirant. Une sorte d'attente se fait jour, sous les pas errants mais insistants d'un xylophone, qui accompagne des voix d'opéra appelant avec une insistance tragique le déchirement des distorsions qui enfin délivrent leur cri dur et strident ; un cri toujours ironiquement accompagné de ce xilophone naïf qui continue son chemin rythmiquement stable, tel un automate malgré la tourmente. GY!BE met Beethoven en furie à coup de guitares, et de tempo tout d'un coup accéléré comme en catastrophe pour arriver à un chaos toujours étonnamment musical, qui clôt ce deuxième mouvement.


Sleep est censé apporter du repos au cours de cette écoute demandeuse... Un vieil homme rappelle sa jeunesse, d'une voix frémissante, entouré d'une atmosphère sonore marine et suave, secondée par une guitare doucereuse et un violon gémissant de fatigue. Une nouvelle ascension pour emporter l'auditeur dans un autre endroit tout aussi abyssal et irréstiblement mystérieux. Dans le calme s'installe une démarche au groove pink floydien, et étonnamment calme par rapport aux mouvements précédants, si calme que l'écoute en devient inquiétante, toujours tendue vers la surprenante transition à venir. La descente aux enfers est d'autant plus impressionnante que ce groove continue malgré la montée en puissance et le rapprochement de la destruction de l'harmonie. Toujours juste au bord du désordre. Les limites se fêlent par endroit, au cours des transitions notamment, mais sans jamais lâcher. GY!BE est arrivé le plus loin possible à la fois de la musique symphonique et de la musique rock.


Le dernier morceau semble faire un virage à 180° par rapport au mouvement général du morceau : il s'initie par un étrange morceau de folk qui semble enregistré sur une bande magnétique quelque peu fatiguée par le temps. Plus de symphonie, c'est une sorte d'amalgame de sons de toutes parts qui est ici présenté, comme le vacarme d'une ville, comme si tous les sons divers de chaque endroit étaient juxtaposés sans ordre détectable à la première écoute en une sorte de capharnaüm. Des sons aigus et harmonieux puis des voix d'enfants ... des comptines... viennent cependant donner une impression légère, aérienne au tout. Rupture rock, mouvement de ballade un peu emballée, et distorsion torrentielle, comme un grand coup de vent qui cesse aussi brusquement qu'il a commencé. Et c'est le son du vent et de son écho qui remplace la bourrasque instrumentale. Puis les instruments se laissent guider par le son de la nature, et atteignent la même dimension évanescente, comme pour clore l'album sur quelque chose d'encore plus inaccessible qu'au départ, et cependant moins inquiétant.



Chroniqué par BobtomPerchu
le 22/12/2006

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