Si nos pages se sont auparavant consacrées quasi exhaustivement au groupe Dead Can Dance (ici), force est de constater que les Cocteau Twins ont malheureusement échappé à un tel traitement. Évitons toutefois de ranger à la va-vite ces deux formations britanniques dans le même sac puisque si ces dernières furent les deux principaux fers de lance du label 4AD dans les années 80 via leurs origines purement cold wave, chacune envisagea toutefois une évolution musicale singulièrement différente. D'un côté Dead Can Dance traversera les époques (gothiques et médiévales) puis les continents (le Maghreb et plus largement l'Afrique dans les années 90), de l'autre côté les Cocteau Twins fuiront les flammes rougeoyantes de l'enfer des débuts (le sombre Garlands en 1982) pour s'élever vers la légereté d'une pop céleste et diaphane guidée par la voix éthérée d'Elizabeth Fraser (que tout le monde connait mieux aujourd'hui pour sa participation au Teardrop de Massive Attack en 1998, et d'autant plus lorsque le morceau deviendra plus tard la musique du générique de Dr House). On surnomma à juste titre ce genre "heavenly". Véritable "trésor" à portée d'oreille considéré pour beaucoup comme l'un de leurs meilleurs albums, Treasure (1984) est l'œuvre charnière qui semble justement opérer ce changement. En résulte un album nourri de contrastes offrant une collection de chansons mystérieuses entre ombre et lumière qui feront à l'époque tomber en amour un certain Robert Smith. Comme on le comprend.
