Retour au Grand Veymont, point culminant du massif du Vercors duquel est originaire ce duo réalisant une musique elle aussi bien perchée depuis 3 albums en comptant celui-ci. Persistance (auditive plutôt que rétinienne pour le coup) et changement, le programme est annoncé d'emblée et nous rappelle à quel type de musique nous serons conviés : celle dite "répétitive". Ce qui n'est pas une nouveauté tant la Route du Vertige que nous avions sillonnée il y a deux ans empruntait souvent la même voie. Toutefois, le trajet se fera cette fois-ci en une seule fois puisque ce dernier opus ne présente qu'une seule composition qui du haut de ses 40 minutes comprend deux longs mouvements (un par face) se faisant subtilement écho.
Béatrice Morel Journel et Josselin Varengo s'éloignent ainsi progressivement du format pop-psyché cher à des expérimentateurs comme Stereolab et Broadcast pour atteindre un univers possédant des atomes de plus en plus crochus avec la métronomie robotique du krautrock de Can ou du Kraftwerk des débuts, les trips hypnotiques de certains disques de Terry Riley ou encore les volutes synthétiques de la kosmische musik et autres siestes électroniques issues d'un âge lointain. Grand Veymont persiste alors à ne pas trop changer sa formule et continue de puiser dans le passé afin de créer une musique vintage magnifiée, car comme le chante la douce et lumineuse de Béatrice lors d'un passage : "ce n'est pourtant pas la peine de changer, continuons comme au passé, il y a bien quelque chose à conserver, il faudra juste se méfier".
