"Where the cars go by, all the day and night" (Let's Go Out Tonight)
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Il y a 30 ans sortait ce classique de la synth-pop (sainte pop) d'un trio écossais un peu oublié : The Blue Nile. Emmené par le crooner charismatique Paul Buchanan, le groupe ne livra hélas que quatre albums en vingt ans mais c'est largement suffisant lorsque la qualité reste au rendez-vous (ici). Hats est certainement le sommet étincelant de leur carrière, celui dans lequel une forme de perfection est atteinte à chaque chanson, celui redéfinissant la notion d'ascension émotionnelle sans jamais en faire des tonnes. La voix perchée mais modeste de Paul Buchanan y est pour beaucoup, son lyrisme tout en retenue porte sur ses épaules une pop mélancolique et éthérée menaçant de s'évaporer à chaque instant.
Trente ans plus tard, Hats est encore cette voiture classieuse perçant la nuit avec la lumière radieuse de ses phares escamotables (on pense au générique de Safe de Todd Haynes). La lumière et la nuit – son crépuscule mais aussi son aube sur Seven A.M. – sont d'ailleurs deux thématiques revenant assez souvent sur l'album, l'une se nourissant musicalement de l'autre et inversement. Entre la pureté d'un Spirit of Eden (1988) de Talk Talk et la densité d'un Jordan: The Comeback (1990) de Prefab Sprout, l'intensité faussement désabusée de Hats aurait elle aussi de quoi convertir les plus réfractaires à la pop britannique des années 80.
