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C'est quoi la musique ?

: #5 Woo (Clive et Mark Ives)



Les auteurs illuminés du manifeste ambient méconnu When The Past Arrives, que Drag City réédite cette année, se replongent dans leur histoire

Mark : Clive and I have always been around music, from our earliest childhood we had lots of eclectic musical influences around us, and the first record that I remember hearing was mum’s 'Carmen Jones'.

We were encouraged to join in when granddad played the drums and our uncle played the saxophone, so music was always fun to us, we would tap along on furniture and everything around us was a potential instrument, so playing music was just 'play' to us, it was never a chore. Music releases your feelings, it can make you laugh and even the saddest music can somehow make you joyful and touch your heart.

I remember when uncle Ivor came to babysit one time, I was about twelve and Clive was nine and he said "I gotta play you this piece of music" it was late, so he drove us back to his house in an old Austin 7 and he played us Lionel Hamptons 'Stardust' and we loved it, I think that had a great influence on us, the pulsating bass like a heartbeat and the lyrical improvisations resonated with us and we both remember it vividly. He also played us a very slow Stan Getz track called 'Her' which had saxophone and string quartet, and I thought, 'I could play music like that'.

In the cross fertilisation of jazz, blues and classical, like Carmen Jones and the fusion of a lot of 1950's music I can recognise that kind of eclectic influence in our style.

So when we started recording in our twenties, once the basic structure of a tune was down, we could play about with it and experiment and explore and have fun with it, and try out variations on ways to treat sounds and explore interesting harmonies, finding notes in between notes, and extenuate the weird bits. Sometimes following the trail of a 'wrong' note can take you into another mode.

When writing, sometimes it was like a gift from spirit and we would wake up inspired, a tune would come in a minute or two and sometimes we would work on it for ages. We were mostly self-taught, which enabled us to go in any direction. Music is fun, a challenging puzzle to solve a composition, and an adventure into the unknown, working first with 4 track reel to reel tape recorders, building up parts and feeling our way through to completed tracks.


Clive : Musing over this question, I see the answer is complex and multi-faceted. Music still holds a lot of mystery to me, how it works, and how it can touch us with its infinite mix of tone, pitch, rhythm and melody.

Music reflects how we feel, exposes our passion, our desire, our love, our fragility, music helps us transcend the mundane, and music can point us to the divine.

When we listen to music from any time and place in history, it holds within its notes and form, a sublime reflection of the culture, politics, ideologies, aspirations and philosophy of the creator. When the music is great, it conveys its message, in the moment, note following note, straight into our hearts and minds. And when listening to the greatest music, the world is united in the shared experience.

As children, my brother and I grew up watching the Beatles on the TV and listening incessantly to their music. They were a huge inspiration to us, and like so many kids at the time we wanted to create our own music.

It would have been fun to simply get a band together and play gigs, but studio recording quickly became our addictive pursuit into the uncharted territory of sound on sound. We were fortunate to be young at a time when home recording was a fairly new possibility, armed with a 4 track tape recorder, we began to play.

When I was a seventeen I bought my first synthesizer, and entered into a wonderful and mysterious world of electronic sound. It was possible to think of any musical genre and take it, warp it and combine it with something else and create new hybrids. It was still the early days of electronic music, and it felt very futuristic to work in this medium.

The next twenty years were spent recording, sometimes composing, sometimes letting the technology lead the way. Recording music has been a personal diary, a medium to explore my aspirations and my dark side, and an unending mystery. To improvise at a piano and discover new shapes and harmonies is still a great pleasure. With music there is always something new waiting to happen, and this keeps me wanting to play.

Traduction de MARK: Clive et moi avons toujours eu une grande proximité avec la musique. Dès notre plus tendre enfance, nous avons été exposés à beaucoup d'influences musicales très hétéroclites. Le premier enregistrement que je me souviens avoir écouté appartenait à ma mère, c'était la musique de la comédie musicale Carmen Jones. Puis nous fûmes inviter à joindre notre grand-père et notre oncle, qui, respectivement, jouaient de la batterie et du saxophone. C'est pourquoi la musique a toujours été "fun" pour nous: que l'on tape sur un meuble ou tout ce que nous pouvions trouver autours de nous, tout était un instrument potentiel. Pour nous, jouer de la musique, c'était simplement "jouer", ce ne fut jamais une corvée. Nous libérions nos émotions à travers la musique: cela peut faire rire mais même la musique la plus triste peut vous rendre heureux et vous toucher.


Je me souviens qu'une fois, l'oncle Ivor était venu faire du baby-sitting. J'avais à peu près douze ans et Clive neuf. Alors qu'il nous ramenait chez lui dans sa vieille Austin 7, il nous dit "je dois absolument vous faire écouter cette musique". Il était tard, et il mit le titre Stardust de Lionel Hamptons. Nous avons tout de suite aimé. Je pense que cela a eu une grande influence sur nous: les pulsations de basse comme un coeur battant et le lyrisme de l'improvisation résonnaient en nous et nous nous en souvenons encore comme si c'était hier. Il nous passa aussi un morceau de Stan Getz, un morceau très lent appelé Her, où l'on entendait un saxophone et un quartet à cordes. J'avais tout de suite pensé que je pourrais faire de la musique comme celle-ci.

Dans le fertile métissage du jazz, du blues et de la musique classique, à l'instar de la musique de Carmen Hones ou de la fusion de plein de musique des années 50, je peux reconnaître le genre d'influences éclectiques qui compose notre style.

Quand nous avons commencé à enregistrer des morceaux alors que nous avions une vingtaine d'années, à partir du moment où nous avions achevé de construire la structure de base de celui-ci, nous pouvions jouer autours et avec lui et expérimenter, explorer et prendre du plaisir à ça. Nous essayions de varier notre manière de traiter le son et d'explorer des harmonies plus intéressantes, faisant contraster les notes, et atténuant les bits étranges. Cela dit parfois suivre la piste d'une "mauvaise note" peut vous amener à choisir un autre mode.

Quand nous écrivions, c'était parfois comme un cadeau de l'esprit. On se réveillait soudain inspiré et une chanson venait en une minute ou deux quand d'autres mettraient des siècles à se créer. Nous étions surtout autodidactes, ce qui nous permit d'aller dans plein de directions. La musique est "fun", c'est une sorte de challenge que d'assembler le puzzle d'une composition, c'est aussi une aventure dans l'inconnu. Travailler d'abord à partir d'un enregistreur 4 pistes, construire chaque partie et se frayer intuitivement un chemin à travers ce processus jusqu'à ce que la composition soit enfin achevée.

Traduction de CLIVE: En méditant sur cette question, je me rends compte que la réponse est complexe et revêt de multiple facettes. Pour moi, la musique détient encore aujourd'hui beaucoup de mystères: comment elle fonctionne? Comment elle nous touche avec ses infinités de combinaison de tons, de rythmes et de mélodies.

La musique reflète nos humeurs, nos passions, nos désirs, notre amour, notre fragilité. Elle nous aide à transcender le banal et nous guide vers l'au-delà.

Quand nous écoutons de la musique de n'importe quels lieux ou époques dans l'histoire que se soit, elle demeure au travers de ses notes et de ses formes, une sublime réflexion sur la culture, la politique, les idéologies, les aspiration et la philosophie de son créateur. Quand la musique est grande, elle délivre son message, dans l'instant, note après note, droit au coeur et dans l'esprit. Et quand nous écoutons la plus grande musique qui puisse être, le monde s'unifie autours de cette expérience partagée.

Enfants, mon frère et moi avons grandi en regardant les Beatles à la télévision et en écoutant sans cesse leur musique. Ils étaient une grande inspiration pour nous, et comme beaucoup d'enfants à l'époque, nous voulions jouer notre propre musique.

Cela aurait été marrant de fonder simplement un groupe ensemble et de jouer des concerts, mais enregistrer en studio devint rapidement une quête obsédante pour nous, un voyage à l'intérieur de territoires sonores inexplorés. Nous avions de la chance d'être jeune à cet époque où enregistrer à la maison devint une nouvelle possibilité. Et c'est dotés d'un enregistreur quatre pistes pour cassettes à bandes que nous avons commencé à jouer.

Quand j'ai eu dix-sept ans, j'ai acheté mon premier synthétiseur et j'entrais alors dans le monde merveilleux et mystérieux du son électronique. Il devint possible de penser à n'importe quel genre musical, de le reproduire, de le combiner à d'autres genres encore et de créer à chaque fois de nouveaux hybrides. C'était encore les premiers jours de la musique électronique and c'était presque futuriste de jouer sur ces médiums.

Les vingts années qui suivirent, nous les avons passé à enregistrer, parfois composer ou laisser la technologie nous montrer le chemin. Enregistrer de la musique a fait office de journal intime, un moyen d'explorer mes aspirations et mon côté obscure, et un mystère sans fin. Improviser sur un piano et découvrir de nouvelles formes et de nouvelles harmonies est toujours un grand plaisir. Avec la musique, il y a toujours quelque chose de nouveau à attendre, et ça continue de me donner envie de jouer.



Les frères Ives sont passés comme des comètes invisibles dans le ciel des années 80. Aujourd'hui encore, alors que Drag City entreprent de rééditer la quasi-intégralité de leur catalogue, ces britanniques font figure d'iconoclastes avec leur musique bizarrement cosmique, à la frontière du new-age, de l'ambient et du jazz. De fait, leur aventure musicale autant que contemplative les a emmené bien loin des canons du genre théorisés par Brian Eno et Harold Budd à la même époque, vers des contrées dangereuses où se mèle leur passion pour le yogga, la médition et les voyages immobiles. Ce qui valut à Woo, le groupe des frères Ives, d'être bien vite enseveli à coup de critiques cinglantes dans les limbes de l'histoire. Une parfaite injustice qui mérite d'être réparée aujourd'hui par la redécouverte d'une oeuvre bigarée, décalée, et, plus que tout, riche en coups d'éclat, parfois des plus visionnaires.



par Mickael B.| Guillaume C.
le 23/04/2014

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